Bobo-Dioulasso (Burkina-Faso) le 22
juillet 2001 - 2008 km
Nous sommes déjà à bobo, en plein Burkina!
Ca vous épate, non ? Et bien il faut avouer qu'après
de long jours de pistes, le goudron, ça motive ! Nous
voici maintenant à des moyennes quotidiennes de 140
km, car nous n'avons eu que 50 km de pistes depuis Bamako
! Depuis notre départ de la capitale malienne, nous
avons atteint les régions forestières du sud
du pays. Finis les austères couscous de mil ! Fini
l'arachide ! Nous avons eu dans le même village de brousse
des mangues, et de succulents ananas et ils faisaient aussi
pousser des bananes... le rêve ! Ici, la nourriture
est donc beaucoup plus variée, et c'est tant mieux,
car nous nous lassions un peu. Les marchés sont pleins
de fruits, de légumes, de dattes, de viandes grillées,
ce qui nous change du Sahel, si sec, même en période
d'hivernage. Nous avons été un peu vite jusqu'ici,
alors nous allons ralentir le rythme, histoire de bien voir
le pays. Au programme, on nous a déjà indiqué
un endroit où observer des hippopotames, et un autre
où l'on trouve des crocos! Pas trop tôt (nous
vous raconterons tout cela après coup, à chaud,
de Ouagadougou!). Nous n'avons encore vu pour le moment que
des babouins, et domestiques encore!
Abordons à présent un aspect général
de notre voyage. La couleur noire des habitants de l'Afrique
pose deux problèmes délicats. Le premier est
qu'il nous est souvent difficile de ne pas confondre l'un
avec l'autre. Ceci est particulièrement gênant
quant on prend son hôte pour un étranger... Il
faut donc que nous retenions leur habillement, pour y associer
le bon prénom! Mais cet aspect est tout à fait
réciproque : nos hôtes africains nous confondent
souvent d'autant que nous sommes souvent habillés pareil.
Ils nous prennent pour deux frères, parfois même
pour deux jumeaux, et lorsque nous sommes en compagnie d'autres
blancs, les noirs nous confondent tous les uns avec les autres!
L'autre problème, c'est que nous n'avons pas de phares
sur nos vélos et que les villes africaines sont rarement
éclairées la nuit. Quant nous nous déplaçons
la nuit en ville ( la nuit tombe à 19h00) et qu'il
n'y a pas de lune, les africains nous voient arriver, nous,
tout blancs, avec nos vélos colorés, mais nous
leur fonçons dessus! On est souvent surpris de distinguer
quelqu'un au tout dernier moment, dans un cri de reproche...
En Afrique, quand on ne voit rien, c'est qu'il y a du monde!
Un coté amusant, lorsque nous nous arrêtons
dans les villages de brousse, ce sont les petits enfants.
Ils sont adorables, et très affectueux. Et ils sont
tellement nombreux! (dans ces pays, plus de la moitié
de la population a moins de 20 ans) Les petits, avant dix
ans, n'ont parfois jamais vu de blancs. Alors ils nous épient,
nous observent, un peu émerveillés de voir une
telle curiosité, et un peu apeurés aussi. Quand
ils nous serrent la main, en ouvrant de grands tout ronds,
ils tendent le bras au maximum, afin de se tenir assez éloigné
pour pouvoir prendre la fuite, au cas où cela tournerait
mal! Quant aux tout petits, ils nous trouvent tellement monstrueux
qu'ils sont en pleurs dés qu'on nous les présente.
Un autre aspect amusant : les salutations, qui reflètent
le coté attentionné et accueillant des Africains.
Il faut qu'elles soient complètes, sinon c'est une
marque de dédain.
- Bonjour, ça va?
- bonjour ça va.
- et la famille ça va?
- ça va
- et ça va ici?
- ça va
- et les affaires, ça va? - ...
Petite anecdote : sur une piste, en pleine brousse, nous croisons
un vélo. Nous saluons : - bonjour ça va? - ça
va bien Mais avec la vitesse, nous ne pouvons pas en faire
davantage. 100 m plus loin, nous le voyons faire de grands
signes en criant quelque chose. Il insiste. Certainement,
nous avons dû faire tomber un truc sur la route, ou
alors il se passe quelque chose de grave. Nous nous arrêtons.
En le voyant revenir à fond la caisse sur son petit
vélo, nous rebroussons chemin pour le rejoindre. Tout
essoufflé, il nous demande : - et la famille, ça
va? - ???!!!?? C'est tout. Sinon, nous sommes toujours aussi
impressionnés par la qualité de l'accueil en
Afrique. L'étranger, ici, c'est sacré. Riche
ou pauvre, l'africain se met en quatre pour nous mettre à
l'aise, ce qui est finalement parfois un peu gênant...