Le Cap, le 21 octobre 2001, 5 950 km
(bon, 6 000, quoi!)
Après avoir envoyé la dernière dépêche,
le 15 octobre, nous sommes repartis au plus vite pour atteindre
notre étape avant la nuit.
En Namibie, il y a si peu d'habitants qu'il faut prévoir
ou passer la nuit, sinon on se retrouve seul au milieu du
désert.
Nous avons rapidement quitte la route goudronnée pour
un itinéraire magnifique à travers les montagnes.
Que des paysages splendides !
Un soir, nous prévoyons de passer la nuit dans un
village (Holoog). Une fois arrives la-bas, nous nous apercevons
qu'il n'y a en fait qu'une maison. Un refuge pour nous, car
la précédente se trouve a 75 km de pistes et
la suivante à 100 km. Heureusement, le fermier nous
fait bon accueil, nous offre un morceau de pain, et même
un lit.
Au petit matin, nous les remercions chaleureusement : "Thanks
for your hospitality..." Mais sans le savoir, nous sommes
tombés sur des truands. Ils nous demandent $200, une
aberration. "Si vous ne payez pas, nous appelons la police"
menacent-t-ils calmement. C'est la première fois en
4 mois qu'on nous fait ce coup la ! Ils nous retiennent verbalement,
mais n'ont pas l'air armés.
Nous faisons semblant de ne pas comprendre. Au bout d'une
heure de ce petit manège, nous partons malgré
les menaces. Cette obscure famille mafio-fermière nous
double avec un tracteur, pour aller bloquer l'unique sortie
du ranch. De chaque côté du portail, une falaise
: nous sommes coincés.
Heureusement, ils ont oublié le lit d'une rivière
asséchée, qui va vers la route. Nous l'empruntons,
en rampant avec nos vélos pour ne pas se faire voir.
Nous les distinguons entre deux broussailles en train de cadenasser
leur portail. Enfin, la piste, ou nous pédalons à
toute vitesse pour échapper a ces bandits. Ils n'ont
rien vu. Peut-être nous attendent-ils encore au portail
a l'heure qu'il est...
Après cette aventure, la journée sera gratifiante.
Nous atteignons le "Fish River Canyon", une des
merveilles de la Namibie, le deuxième plus grand canyon
au monde. Puis se sont encore des km de pistes avant de rejoindre
le goudron.
Le vent est contre nous, de plus en plus fort. Il semble
vouloir nous empêcher d'atteindre l'Afrique du Sud.
C'est dans des rafales à plus de 50 km/h, à
peine à la vitesse d'un marcheur que nous atteignons
la frontière. Frustrant! Un matin, le vent est dans
notre dos, et nous faisons 100 km avant midi. L après-midi
de la même journée, il souffle contre nous :
nous peinons pour faire 40 km avant la nuit.
Le vent est si souvent contre nous, que nous devons nous
lever a 5h00 du matin pour parcourir une distance suffisante
dans la journée. La frontière Sudaf' est notre
dernière, c'est émouvant. Malheureusement, mous
devons traverser très vite le pays... Le désert
se change en garrigue, et le paysage devient semblable a celui
du midi de la France (avec les autruches en plus) : les vaches
ont remplace les zébus, les prairies apparaissent,
et même, les premiers sapins !
Toutefois, jusqu'au bout, le raid reste plein d'imprevus.
La vieille au soir de notre dernier jour, le vélo de
Marco nous lâche. Il grinçait de plus en plus,
mais la, c'est fini : la partie la plus délicate et
la plus essentielle du vélo (le roulement à
bille à l'arrière) est cassé. Nous croisons
sur la route un électricien sympa. Il nous démonte
tout cela, et il est formel : cette pièce là
ne se trouve qu'au Cap, a 130 km et nous ne pourrons pas y
aller à vélo. Nous sommes assez abattus. Devrons
nous atteindre notre but en auto stop ? Après tant
d'efforts?
Suite a de longs efforts de réflexions, nous trouvons
enfin l'ultime solution : nous troquons la roue défaillante
contre celle d'un africain. Certes, elle n'est pas vraiment
adaptée au vélo de Marco... mais elle tiendra
pour les derniers 130 km !! Heureux d'avoir enfin trouve une
solution, nous cherchons où dormir. Il faut être
accueilli chez quelqu'un, bien sûr, pour rencontrer
de plus près les sudaf'.
On nous refuse dans quatre ou cinq maisons. Nous essayons
une autre. Et la, surprise! Nous tombons sur notre électricien
! Il est hilare, comme tout à l'heure, et il confirme
en pleurant de rire que nous sommes des 'crazy men' !
Etrangement, nous n'aurons presque pas de vent pendant la
matinée qui suit. Les pancartes annoncent Cap Town
de plus en plus prés, nous sommes emballes, et pédalons
à toute allure. Après le déjeuner, cependant,
le vent se lève. Nous luttons jusqu a 18h30 pour atteindre
la ville mythique. Et enfin, nous voici au Cap. Grand port
légendaire comme on les aime, plein de bateaux qui
portent les pavillons de tout les pays du monde. Victoire
! Jubilation !
Le patron d'un resto nous invite à dîner sur
le port, car il apprécie notre trip. Nous avons ensuite
cherché a dormir sur un bateau. Nous nous sommes finalement
trouvé un catamaran (50 pieds) ou nous buvons des bières
et passons une bonne nuit. Il nous emmènera ce soir
a 20h00 pour croiser au large du Cap, histoire d'approcher
un peu les phoques et les pingouins.
Sur ce, on vous quitte car nous sommes invite au restaurant
et on va nous attendre. Nous rédigerons dans l'avion
notre dernière dépêche.