C'est avec un grand soulagement que nous avons enfin quitte
le Congo. Nous avons du nous résoudre a prendre l'avion
plutôt que le bateau, pour ne pas perdre les précieux
jours qu'il nous restait. L'avion pour Windhoek fait une escale
d'une journée à Luanda, capitale de l'Angola.
Restait donc à obtenir un visa de transit pour l'Angola.
Pas facile, car ce pays en guerre ne délivre que des
visas à titre professionnel.
Heureusement, le consul d'Angola nous a accorde un rendez-vous
; nous avons obtenu en 5 minutes ce que nous ne parvenions
pas à avoir depuis deux semaines ! A l'heure dite,
plus le retard africain, l'avion a décolle de Pointe
Noire : à nous les grands espaces namibiens ! L'Angola
a beau être en guerre, nous avons beaucoup moins d'ennuis
à Luanda qu'au Congo : pas de contrôles a répétition.
Cette journée escale ressemblait fort à des
vacances avec la mer, la plage, le soleil. Nous prenons pas
mal de photos, avec vue sur le port. C'est la que les ennuis
commencent, car bien sur il est interdit de photographier
le port. Des policiers viennent nous contrôler, puis
tout en gardant les passeports réclament l'appareil
pour le confisquer (comme d'habitude, quoi!). Ici, on parle
portugais. Nous faisons semblant de ne rien comprendre en
leur souriant bêtement, puis sortons tour a tour la
brosse à dents, un tournevis, un caleçon de
nos sacoches en prenant un air perplexe. Les policiers ne
se lassent pas de notre petit jeu. Marco a une idée
marrante. Il extirpe les jumelles, les montre (toujours avec
un sourire niais...), puis les utilise en prenant les même
positions que pour prendre des photos. C'est gagne ! Les policiers,
qui nous avaient vu de loin, croient avoir fait une erreur,
se sentent un peu bête, nous rendent les passeports,
et repartent aussitôt.
Le soir, nous n'avons pas d'endroit ou dormir, et l'avion
repart (théoriquement) des 7hoo du matin pour Windhoek
(capitale de la Namibie). Aussi, nous squattons dans l'aéroport
pour la nuit. Deux clodos en train de dormir par terre a cote
de deux vélos pleins de sacoches, ça étonne
un peu les gens. Alors, pas moyen de dormir. Il faut ré-expliquer
toutes les cinq minutes notre voyage.
Namibie signifie "pays ou il n'y a rien" et sa
capitale est Windhoek (="lieu du vent"). Sa cote
ne s'appelle pas "côte d'Azur", mais "cote
des squelettes". Nous traversons le pays sur un plateau
semi-désertique d'une altitude de 1000 a 2000 mètres,
qui sépare le désert de Namib et le désert
du Kalahari (voir "les dieux sont tombes sur la tête").
Ici le printemps se termine, et l'été approche.
Quand nous racontons à nos hôtes qu'il fait peut
être dix degrés en ce moment à Paris,
ils poussent de grands cris ! En effet, il fait si chaud que
le linge sèche en vingt minutes, nos lèvres
sont gercées, nos yeux pleurent pour ne pas sécher
comme des noix...
Dans ce pays, qui a la plus faible densité de population
du monde, on parcourt d'immenses distances avant d'apercevoir
une ferme, pas forcément habitée d'ailleurs.
Les habitants de Namibie, souvent blancs d'origine germanique,
se recouvrent de grands chapeaux de cow-boys. Tout évoque
le Far West, dans ce pays ou l'on roule à gauche :
gros bonshommes gaves de Coca-Cola, villes modernes surgies
de nul part en plein désert, anglais prononce à
la rustique...
Nous buvons à deux plus de 10 litres par jour, et
les mirages sur la route nous rappellent notre passage au
Mali. Notre arrivée en Afrique du Sud est imminente
: nous serons le 20 octobre au Cap, d'où nous vous
enverrons la prochaine dépêche.