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Pointe Noire (Congo) , le 08 octobre 2001.


Nous pensions d’abord trouver un avion léger (ambiance « Indiana Jones ») pour traverser l’Angola, pays lusophone, en guerre, et truffé de mines anti-personnelles.

Après une rencontre avec l’aéroclub de Brazzaville, nous décidons de chercher une solution plus abordable. Notre avion (de ligne) partira donc dimanche 30 septembre, à 3h00 du matin.

Le temps pour nous de sympathiser avec les amis de Philippe, l’infirmier parapentiste féru d’arts martiaux qui nous héberge. Nous rencontrons Pascal, ex-cyrard, fou de chute libre, champion du monde de skysurf, ainsi que Stef, doc de choc du CMS. On nous présente Kossovo, le justicier de Brazza, plutôt actif, pour un colonel à la retraite ! Une sacrée compagnie de caractères bien trempés.

Arrive le samedi. Marco parvient à revendre son tricycle. Nous partons acheter les billets pour le vol de ce soir. Après une heure de queue, on nous apprend que le vol est annulé. Pas étonnant : ici, Air Afrique est appelée « Maybe Airlines » par les usagers ! Obligés de nous rabattre sur le vol de mercredi, nous commençons à comprendre combien il est difficile d’être pressé en Afrique !

On a vite fait le tour de Brazzaville, jolie petite ville de style colonial. Nous décidons donc de partir crapahuter en brousse, en attendant l’avion de mercredi. Nous nous rendons en autostop à Mah, dans le Nord du pays, dans une réserve où nous essayons en vain de trouver des gorilles.

Puis nous marchons quelques heures dans les collines de la savane congolaise, et atteignons à Maloukou sur les rives du fleuve Congo. Paysage magnifique : nous décidons de rejoindre Brazza en pirogue. Un vieux accepte de nous emmener.

« - plus vite, papi, plus vite !! »

le temps presse : notre excursion a pris plus de temps que prévu, et nous sommes à quelques heures du départ de l’avion.

Nous débarquons avant 15h30, après 80 km de fleuve, et notre avion part à 16h30. Nous savons que ce sera un peu limite, mais on devrait l’avoir… Quand soudain intervient la police congolaise.

« - Eh les blancs ! Suivez nous au poste !

- Pas question, mon vieux, pas l’temps, notre avion part dans 30 minutes ! »

Rien à faire : ces policiers veulent contrôler nos passeports, parfaitement en règle, pour le simple plaisir de nous prendre du temps. Nous les suivons. Ils font durer. Marco s’énerve, et Cedric, plus diplomate, plaide la démence de son camarade pour nous tirer d’affaire. Il est 17h00, nous sommes libres… Après tout, peut-être notre avion est-il en retard. Nous sautons dans un taxi.

Un type stupide, bête à manger du foin, nous attrape la jambe : il est policier, il a le droit, rebellote. Nous sommes excédés. Encore un contrôle, stupide, arbitraire, inutile ! La procédure traîne en longueur, on menace de nous faire dormir au poste, pour insolence. Aux grands maux, les grands remèdes. Nous appelons notre ami Kossovo. En 5 minutes, le comissaire qui nous retient est appelé par le Consul de France, puis par « nos colonels » Steph et Kossovo. Le commissaire se souvient alors tout d’un coup qu’il est notre ami, s’indigne que l’on nous ait pas proposé de bière, et propose de nous ramener lui même en voiture ! Nous voilà libres…mais notre avion est déjà loin ! Un peu amers cependant : maintenant, nous sommes très en retard, et nous ne pourrons sûrement pas faire toute la Namibie à vélo. C’est l’Afrique, c’est la règle du jeu, et nous l’acceptons.

Nous sommes venus voir l’Afrique telle qu’elle est vraiment et la voici, avec ses aspects imprévisibles et parfois exaspérant… Nous faisons parler de nous à Brazza : l’Ambassadeur de France sourit de nos démêles avec la Police locale, et la télé congolaise nous interview pour son émission de sport.

Un ami de Pascal nous trouve un avion cargo qui nous emmènera gratis à Pointe Noire (Cote Atlantique) d’où nous prendrons vendredi un vol pour la Namibie.

Nous avons le droit à une heure de vol inoubliable, assis sur des chaises de jardin pliantes, dans un vieil avion soviétique. Nous ne savons pas encore que l’avion que nous devons prendre ce soir ne décollera pas, malgré nos braves réservations soigneusement prises en avance… Pénible, l’Afrique ? décourageante, oui.

Ces histoires nous tiennent éloignés de l’Afrique Australe, l’une des plus belle région du monde. C’est rageant. Pas d’autre avion avant une semaine ? Qu’à cela ne tienne, nous prendrons le bateau .Avec l’aide de nos irremplaçables Franck et Chantal, qui nous accueillent ici, nous avons trouvé un navire en partance pour Luanda (Angola), d’ou un bateau de pêche nous emmènera sur la côte namibienne. Le Consul d’Angola nous a filé les visas nécessaires, et nous attendons ici le départ du « Merlin », sur la plage, sous les palmiers, soleil éclatant et paysages de Floride.

Les congolais ont la qualité d’être sans rancune. L’autre jour, nous nous rendons vers 23h00 au Consulat de France, nous nous trompons d’adresse. Nous entrons par une grille entrouverte dans l’arrière-cour d’un grand bâtiment. Des soldats nous arrêtent : nous sommes entrés illégalement dans la Banque Centrale des Etats d’Afrique Centrale. Comme nos vélos sont probablement bourrés d’explosifs, et que nous sommes manifestement des terroristes avides de lingots d’or, c’est très grave. Grande engueulades, grandes gesticulations : nous devons prouver que nous n’obéissons pas à d’obscurs barbus enturbannés ! On nous remet enfin entre les mains du consulat de France après une ou deux heures.

Le lendemain, nous rencontrons un des vigiles de la banque. Il nous serre la main, nous embrasse, alors qu’hier encore, il rugissait qu’il en avait abattu pour moins que ça ! Il nous apprend qu’il vient d’être papa, et son fils, il le nommera Marco-Cédric !!! Nous partons aujourd’hui visiter le chérubin à la clinique, journée chargée, entre la plage et le club hippique !


RIC ET MARCO.


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