Nous pensions dabord trouver un avion léger (ambiance
« Indiana Jones ») pour traverser lAngola,
pays lusophone, en guerre, et truffé de mines anti-personnelles.
Après une rencontre avec laéroclub de
Brazzaville, nous décidons de chercher une solution
plus abordable. Notre avion (de ligne) partira donc dimanche
30 septembre, à 3h00 du matin.
Le temps pour nous de sympathiser avec les amis de Philippe,
linfirmier parapentiste féru darts martiaux
qui nous héberge. Nous rencontrons Pascal, ex-cyrard,
fou de chute libre, champion du monde de skysurf, ainsi que
Stef, doc de choc du CMS. On nous présente Kossovo,
le justicier de Brazza, plutôt actif, pour un colonel
à la retraite ! Une sacrée compagnie de caractères
bien trempés.
Arrive le samedi. Marco parvient à revendre son tricycle.
Nous partons acheter les billets pour le vol de ce soir. Après
une heure de queue, on nous apprend que le vol est annulé.
Pas étonnant : ici, Air Afrique est appelée
« Maybe Airlines » par les usagers ! Obligés
de nous rabattre sur le vol de mercredi, nous commençons
à comprendre combien il est difficile dêtre
pressé en Afrique !
On a vite fait le tour de Brazzaville, jolie petite ville
de style colonial. Nous décidons donc de partir crapahuter
en brousse, en attendant lavion de mercredi. Nous nous
rendons en autostop à Mah, dans le Nord du pays, dans
une réserve où nous essayons en vain de trouver
des gorilles.
Puis nous marchons quelques heures dans les collines de la
savane congolaise, et atteignons à Maloukou sur les
rives du fleuve Congo. Paysage magnifique : nous décidons
de rejoindre Brazza en pirogue. Un vieux accepte de nous emmener.
« - plus vite, papi, plus vite !! »
le temps presse : notre excursion a pris plus de temps que
prévu, et nous sommes à quelques heures du départ
de lavion.
Nous débarquons avant 15h30, après 80 km de
fleuve, et notre avion part à 16h30. Nous savons que
ce sera un peu limite, mais on devrait lavoir
Quand soudain intervient la police congolaise.
« - Eh les blancs ! Suivez nous au poste !
- Pas question, mon vieux, pas ltemps, notre avion
part dans 30 minutes ! »
Rien à faire : ces policiers veulent contrôler
nos passeports, parfaitement en règle, pour le simple
plaisir de nous prendre du temps. Nous les suivons. Ils font
durer. Marco sénerve, et Cedric, plus diplomate,
plaide la démence de son camarade pour nous tirer daffaire.
Il est 17h00, nous sommes libres Après tout,
peut-être notre avion est-il en retard. Nous sautons
dans un taxi.
Un type stupide, bête à manger du foin, nous
attrape la jambe : il est policier, il a le droit, rebellote.
Nous sommes excédés. Encore un contrôle,
stupide, arbitraire, inutile ! La procédure traîne
en longueur, on menace de nous faire dormir au poste, pour
insolence. Aux grands maux, les grands remèdes. Nous
appelons notre ami Kossovo. En 5 minutes, le comissaire qui
nous retient est appelé par le Consul de France, puis
par « nos colonels » Steph et Kossovo. Le commissaire
se souvient alors tout dun coup quil est notre
ami, sindigne que lon nous ait pas proposé
de bière, et propose de nous ramener lui même
en voiture ! Nous voilà libres mais notre avion
est déjà loin ! Un peu amers cependant : maintenant,
nous sommes très en retard, et nous ne pourrons sûrement
pas faire toute la Namibie à vélo. Cest
lAfrique, cest la règle du jeu, et nous
lacceptons.
Nous sommes venus voir lAfrique telle quelle
est vraiment et la voici, avec ses aspects imprévisibles
et parfois exaspérant Nous faisons parler de
nous à Brazza : lAmbassadeur de France sourit
de nos démêles avec la Police locale, et la télé
congolaise nous interview pour son émission de sport.
Un ami de Pascal nous trouve un avion cargo qui nous emmènera
gratis à Pointe Noire (Cote Atlantique) doù
nous prendrons vendredi un vol pour la Namibie.
Nous avons le droit à une heure de vol inoubliable,
assis sur des chaises de jardin pliantes, dans un vieil avion
soviétique. Nous ne savons pas encore que lavion
que nous devons prendre ce soir ne décollera pas, malgré
nos braves réservations soigneusement prises en avance
Pénible, lAfrique ? décourageante, oui.
Ces histoires nous tiennent éloignés de lAfrique
Australe, lune des plus belle région du monde.
Cest rageant. Pas dautre avion avant une semaine
? Quà cela ne tienne, nous prendrons le bateau
.Avec laide de nos irremplaçables Franck et Chantal,
qui nous accueillent ici, nous avons trouvé un navire
en partance pour Luanda (Angola), dou un bateau de pêche
nous emmènera sur la côte namibienne. Le Consul
dAngola nous a filé les visas nécessaires,
et nous attendons ici le départ du « Merlin »,
sur la plage, sous les palmiers, soleil éclatant et
paysages de Floride.
Les congolais ont la qualité dêtre sans
rancune. Lautre jour, nous nous rendons vers 23h00 au
Consulat de France, nous nous trompons dadresse. Nous
entrons par une grille entrouverte dans larrière-cour
dun grand bâtiment. Des soldats nous arrêtent
: nous sommes entrés illégalement dans la Banque
Centrale des Etats dAfrique Centrale. Comme nos vélos
sont probablement bourrés dexplosifs, et que
nous sommes manifestement des terroristes avides de lingots
dor, cest très grave. Grande engueulades,
grandes gesticulations : nous devons prouver que nous nobéissons
pas à dobscurs barbus enturbannés ! On
nous remet enfin entre les mains du consulat de France après
une ou deux heures.
Le lendemain, nous rencontrons un des vigiles de la banque.
Il nous serre la main, nous embrasse, alors quhier encore,
il rugissait quil en avait abattu pour moins que ça
! Il nous apprend quil vient dêtre papa,
et son fils, il le nommera Marco-Cédric !!! Nous partons
aujourdhui visiter le chérubin à la clinique,
journée chargée, entre la plage et le club hippique
!