Quand Marco a appris son odieuse immobilisation, allongé
sur un divan, des lèvres d'un médecin local
hilare, il y eut pas mal d'inquiétude. Que pourrait-il
nous arriver de pire?? En tout cas, pour nous deux, c'était
clair : pas question de rentrer vaincus en France. Oui mais
sans jambes, que faire? - inventer un tandem ou Marco n'utiliserait
qu'une seule jambe? - allonger le trajet et le faire en stop?
Nous optons finalement pour ces vélos à bras
à 3 roues (cf photo) auxquels Anne avait également
pensé.
Il faut peu de temps pour trouver l'engin :
on croise pas mal d'handicapés en ville. Ils nous indiquent
un hôpital, nous nous dirigeons vers l' adresse et nous
voici en compagnie des responsables (handicapés naturellement)
de handisport Cameroun. Ces gars sont géniaux, leur
appareil nous plaît. C'est le croisement d'un vélo
et d'une chaise roulante, exactement ce qu'il nous faut. Une
heure durant, Marco sillonne la ville escorté par Serge
et Clotaire, 2 athlètes aux bras gros comme des cuisses.
Pas facile, pour un novice : Yaoundé, que les camerounais
aiment appeler "la ville aux 7 collines", en compte
plutôt 100!! Quand les côtes sont rudes, les taxis
jaunes se laissent accrocher : cette sorte de handi-auto-stop
est très commune, heureusement, car le tricycle n'a
qu'une seule vitesse!
Pendant 2 jours, suivent les négociations : obtenir
un vieux tricycle d'occasion à bas prix et tenter de
revendre le VTT de Marco au prix fort. Nous arrangeons l'engin
bleu roi en lui soudant des cale-pieds pour pouvoir soutenir
la jambe plâtrée à la bonne hauteur. Nous
fixons la sonnette (indispensable en ville!) et le porte bidon
sur la machine : la marcomobile est née, engin unique
en son genre.
Quel effet sur les
camerounais ! Ici un blanc qui se déplace à
pieds est une anomalie. Mais qu'un européen se déplace
sur cet engin réservé aux handicapés
et à ceux qui ont la polio, c'est presque de la science
fiction! Un passant s'est adressé à Marco en
anglais. Il croyait en effet croiser un rescapé des
attentats de NY!! Alors que nos irremplaçables Etienne
et Lisbeth (le doc et l'infirmière) nous confectionnent
un plâtre tout terrain, nous faisons couper les manches
de la veste imperméable de Marco pour faire à
sa jambe gauche une chaussette imperméable.
Ne parvenant pas a vendre à prix correct le VTT, nous
décidons de l'envoyer en FRET à Brazzaville.
La-bas, dans 3 semaines, on retirera le plâtre et nous
repartirons tout deux à vélo. D'ici là,
nous avons devant nous 1500 km à effectuer à
vélo et en marcomobile quand la route est goudronnée,
et en auto stop lorsque nous devrons rouler sur les pistes.
Nous espérons pouvoir nous connecter à nouveau
à Ebolowa, sinon, pas de nouvelles avant brazza!!