Évidemment, pour nous, le Cameroun, c'est d'emblée
positif. Le Nigeria, c'est des policiers surarmés,
anglophones et compliqués. Le Cameroun, c' est des
gendarmes souriants et francophones, heureux de nous offrir
une bière pendant leur service.
Nous quittons donc le Nigeria et son "pain sucré"
(sucrailleux pour Cédric, écuré,
brioché selon Marco, satisfait ) pour retrouver des
baguettes simili-francaises. La frontière franchie,
nous pénétrons presque subitement dans la jungle
: arbres gigantesques, collines, lianes à la tarzan,
cases de bois et de tressages. Le goudron cesse et la piste
rend notre itinéraire encore plus tropical. N'ayant
plus de frein depuis 2 jours, nous nous faisons quelques peurs
bleues en devalant à toute allure des pentes que nous
imaginions parfois moins raides. Il faudra atteindre Manfé
pour reparer ces freins, pourvu qu'un mecano en soit capable...
Mais Manfé ne nous sera pas servi sur un plateau d'argent!
Les pistes, en jungle, c'est pittoresque, mais diable! c'est
boueux! Il pleut beaucoup ici, bruine ou grosse pluie, et
des nuages de brumes dissimulent souvent les sommets des grands
arbres. Du coup, la piste est par endroit impraticable. Elle
se change pour quelques dizaines de mètres en fleuve
de boue dans lequel nous nous enfonçons à mi-mollet,
au risque d'y perdre nos chaussures! Nos vélos sont
repeints, couverts de brun, ambiance "Camel Trophee".
Nous nous en tirons quant même mieux que les voitures,
qui doivent réquisitionner tout le village pour se
tirer d'affaire.
A Manfé, pas de mecano digne de ce nom. Nous devrons
donc attendre plusieurs jours avant de faire réparer
nos freins, et d'acheter un pneu de secours, car celui de
Marco menace de nous lâcher. Nous repartons, et luttons
sur 10 km de pistes chaotiques. Quand la piste redevient praticable...
PAF! le pneu éclate, la chambre à air avec.
Pas moyen de réparer dans une contrée si reculée
....
Pas moyen de reparer dans une contree si reculée.
Nous nous resignons donc à quelques km de stop pour
gagner en taxi-brousse un bled à 30 km. Là-bas,
pas de mecano. Nous repartons vers Kumba, où nous trouverons
sûrement. Voyage sympa, dans une petite Peugeot, 4 passagers
à l'avant (!) et 4 à l'arrière, avec
2 vélos dans le coffre et 40 000 valises. 100 km avant
d atteindre Kumba, nous réparons.
Nous décidons alors de nous diriger vers Douala (capitale
économique de Cameroun) afin de tirer de l'argent liquide.
Il commence à manquer sérieusement, vu que nous
ne trouvons aucune machine pour les cartes VISA! Deux jours
de pistes plus loin, arrivés à Douala (sur la
côte atlantique) surprise! pas de banque qui connaisse
la carte visa. Nous aurons donc à tenir 4 jours avec
20 ff en poche, un peu comme des clochards, avant de gagner
Yaoundé. Dans le port de Douala, Marco (à l'agilité
légendaire) se blesse en se prenant le pied dans un
caniveau. Une plaie assez large, ça enfle un peu, mais
sûrement plus de peur que de mal : nous reprenons la
route. Le soir, ça fait un peu plus mal.
Le lendemain soir, le pied est énorme à force
d'enfler. Nous faisons étape à l'hopital St
André, ou bosse des coopérants français
qui sont extras. A cause de l'humidité ambiante, de
l'air malsain de cette région, les plaies sont infectées.
Le pied étant bien douloureux, les médecins
arrivent à nous convaincre : les 130 km qui nous séparent
de Yaoundé risquent d'aggraver les choses si nous les
faisons à vélo. A contrecur, nous acceptons
à nouveau de lever le pouce pour nous faire conduire
à la capitale. Comme nous sommes attendus là-bas
par notre ami Damien, nous pourrons prendre quelques jours
de repos...
Et nous voila donc à Yaoundé. Nous voulons
en faire une grande etape : située à la moitié
de notre itinéraire, la capitale camerounaise sera
l'occasion de nous reposer/restaurer, de reparer les vélos
et la cheville déficiente, de laver notre linge (voire
même de nous laver?)... Nous sommes maintenant dans
l'axe, désormais, nous irons chaque jour vers le sud.
Cap sur Le Cap!! Le soleil ne se couchera plus dans notre
dos, mais sur notre droite, tous les soirs.
Grâce à l'accueil génial de Damien, nous
passons un bon moment de repos à Yaoundé, oubliant
pour quelques temps nos vélos, et vous envoyant une
première dépêche. La vie en rose? Et bien,
chers amis, la fin de cette dépêche vous fera
cette fois gémir plutôt que rêver, Marco
a la jambe dans le plâtre. Une bonne entorse ouverte
et le médecin est formel : 3 semaines de plâtre
puis rééducation, donc plus de vélo pendant
un mois!!! l'horreur! Voila qui semble bien ennuyeux... Mais
c'est promis, la Transafrica (-vélo?) ça continue!
A nous, maintenant, de trouver comment...