Après notre dernière dépêche a
Abuja, nous sommes repartis plein Est. la forêt approche
à grands coups de pédales, et avec elle, un
savoir vivre africain que nous ne connaissions pas, comme
une multitude de bars sympas sur le bord des routes. avec
la forêt aussi, une abondance de fruits exotiques :
ananas, noix de coco, bananes, papaye...
Le Nigéria n'est pas un pays pour les blancs, pas
de téléphone, pas d'internet, pas de carte de
crédit. Nous nous sommes pourtant démenés!
A Makurdi, par exemple, nous nous sommes mis dans la tête
de téléphoner à nos parents. Quoi de
plus simple? nous avons passé la soirée à
sillonner la ville : impossible de joindre la France. Le lendemain
matin, deuxième objectif, tirer de l'argent avec une
carte VISA : les banques se renvoient la balle, les banquiers
auscultent la carte en ouvrant de grands yeux tout ronds.
Il faut leur expliquer : " vous voyez ça, c'est
une carte de crédit, et le truc métallique ici
c'est une puce !" bien sûr nous n'avons pas eu
un centime. Pour se consoler, nous avons cherché un
cyber-café. Cette fois ci, il y en avait. Soulagement!
Mais le responsable n'était pas là, le matériel
pas fonctionnel, la connexion pas établie... Et nous
avons visité la ville une troisième fois. Pour
arranger tout cela, Cédric crève. Il y a des
journées comme ça... Une bonne femme hyper sympa
nous offre un verre a ce moment la, heureusement : elle nous
réconcilie avec l' Afrique!!
La forêt se fait de plus en plus dense, maintenant que
nous avons repris une route vers le Sud, la frontière
du Cameroun de plus en plus proche. Plus que trois jours avant
la frontière, puis deux, puis un, enfin nous y sommes
: nous avons traversé le Nigéria, 1300 km sans
rencontrer un seul blanc. C'est toujours assez grisant de
changer de pays. Un petit tampon, et nous serons de l'autre
côté. coup de malchance, au poste nigérian,
un gars qui n'a rien à faire ici, qui ne fait pas partie
du poste et se trouve là par hasard nous met des bâtons
dans les roues. Ce crâne d'âne, c'est Monsieur
le Consul du Cameroun au Nigéria, qui estime que notre
histoire de tampon de transit n'est pas dans les règles.
Bien sûr, il est vexé que nous profitions du
"système D" africain car cela dévalorise
son rôle de Consul. Cet âne bâté
donne l'ordre au poste camerounais de ne pas nous laisser
rentrer. Pour nous, deux solutions : entrer pas un autre poste,
mais ce serait un détour énorme, ou aller en
stop à Calabar dans le sud pour obtenir des visas camerounais,
puis revenir au poste et reprendre nos vélos.
Nous partons pour Calabar. cette aventure dans l'aventure
nous permet de voyager différemment. Calabar est une
ville du sud, donc beaucoup plus dangereuse. Nous sommes hébergés
pendant deux jours par des Italiens qui nous accueillent gentiment.
Ici, le blanc, c'est un lingot d'or. Ils vivent dans une maison
entourée de barbelés, toutes les fenêtres
sont blindées, et deux gardes armés tournent
autour de la maison jour et nuit. Ce qui ne les pas empêché
d'être réveillés il y a trois mois, un
pistolet dans la bouche, par des gangsters locaux... nous
obtenons finalement nos visas après deux jours d'attente,
et repartons sous la pluie, rejoindre nos vélos : le
Cameroun est enfin à nous. Nos péripéties
camerounaises seront lisibles d'ici deux jours, patience...